L’été 2024 avait déjà placé l’OL au bord du précipice sportif et financier. Plusieurs mois plus tard, le club se retrouve confronté à une nouvelle série de conséquences liées aux décisions prises durant la présidence de John Textor. Ces derniers jours, des organismes d’affacturage ont adressé au service finances de l’OL plusieurs relances concernant des créances issues de transferts… qui n’ont jamais existé sur le terrain.
Au total, cinq joueurs de Botafogo avaient été officiellement "achetés" par l’OL entre juillet 2024 et mars 2025. Aucun n’a toutefois été enregistré par la Ligue, le club étant alors interdit de recrutement. Seul Thiago Almada avait brièvement porté le maillot lyonnais lors d’un prêt gratuit de six mois.Pourtant, l’Olympique lyonnais se retrouve aujourd’hui débiteur pour l’ensemble de ces opérations internes au groupe Eagle Football, rapporte l'Équipe.
L’affacturage au cœur du dossier
Ces transactions, sans impact sportif, avaient permis à l’ancien propriétaire de mobiliser près de 100 M€ de trésorerie grâce à l’affacturage. Ce mécanisme — utilisé fréquemment dans le football — repose sur la cession de créances futures, dont le remboursement incombe désormais à l’OL, identifié comme débiteur dans les accords passés avec plusieurs institutions financières.
Si l’organisme financier débloque la trésorerie à l’instant T, cette avance est assortie d’une décote et de frais.Les derniers comptes publiés ne mentionnent pas explicitement ces flux. Le club affirme pourtant qu’ils reflètent l’ensemble des transactions réalisées par Eagle Football et ses filiales à date, sans entrer dans le détail des montants, ni confirmer l’utilisation des avances obtenues.
Face à l’enchevêtrement de mouvements internes entre Lyon et Botafogo, le fonds Ares – principal prêteur au moment du rachat du club – a missionné Stephen Welch, spécialiste de la restructuration de groupes régulés. Sa tâche : clarifier les flux, établir les responsabilités financières et définir les compensations éventuelles entre les différentes entités du groupe.
Les sociétés d’affacturage seraient désormais redirigées vers lui, alors que les discussions s’orientent vers une solution globale, comprenant un apurement coordonné des dettes entre les différentes structures d’Eagle Football.
Des ventes réelles, mais un flou persistant autour des montants
Depuis, Botafogo a véritablement vendu plusieurs de ces joueurs à d’autres clubs, générant des recettes importantes. Mais il demeure impossible, pour l’heure, de savoir dans quelle mesure ces sommes ont été affectées à Lyon.
Certaines opérations auraient même été "annulées" comptablement, rendant la chaîne financière encore plus difficile à démêler.Du côté de l’OL, on rappelle que les comptes ont été arrêtés et validés selon les standards d’une société cotée, et qu’ils intègrent l’ensemble des relations financières avec les autres entités du groupe. Une manière d'affirmer que l’analyse doit se faire globalement, et non opération par opération.
Arrivée aux commandes en 2024, Michele Kang poursuit son travail de stabilisation économique. Très présente dans la gouvernance depuis plusieurs mois, elle a renforcé sa ligne directrice : restaurer la crédibilité du club auprès des instances, des partenaires et des investisseurs.
Mais la résolution de cette affaire, complexe et transnationale, sera un test majeur pour la nouvelle administration. L’issue pourrait conditionner une partie de la trajectoire financière du club dans les années à venir.