Entrainer, c’est tout un métier !

Entrainer, c’est tout un métier !
Ludovic Assemoassa - DR

La vie d’un entraineur est loin de ressembler à un long fleuve tranquille. Quête de légitimité, travail acharné, relations humaines… Le métier semble de plus en plus complexe, et la valse des coachs sur les bancs des clubs professionnels en est l’exemple le plus flagrant.

A l'heure où Pierre Sage met tout en oeuvre pour obtenir son BEPF, la rédaction de Lyonfoot s'est penché sur ce métier d'entraineur.

Pierre Thimonier, l’adjoint de Fabien Pujo en N1 au GOAL FC, fait partie de ces footballeurs qui ont le coaching dans le sang. "C’est une vocation. J’aime à dire que je prends autant de plaisir à entrainer qu’à jouer. Enfin, quand tout se passe bien", confie celui qui tenait jusqu’à la saison dernière les rênes de l’équipe de Régional 1.

"La vie d’un entraineur, c’est d’avoir une grosse débauche d’énergie, parfois pour peu de résultats. On ne décroche jamais. Le joueur, même s’il est très pro dans sa démarche physique, quand l’entrainement ou le match est terminé, c’est fini. L’entraineur, lui, se projette déjà sur la rencontre suivante. Avant un match, les joueurs vont faire une partie de cartes et après, ils débriefent ou fêtent la victoire. Nous, on va préparer jusqu’à la dernière minute les moindres détails. Pendant le match, on est dans le coaching et après on revisionne le jeu, on pense à ce qu’on veut travailler dans la semaine et on regarde le prochain adversaire. Ça ne s’arrête jamais".

Le constat est le même pour Ludovic Assemoassa, l’entraineur de Lyon- la Duchère : "De l’extérieur, j’avais l’impression que c’était un métier compliqué qui demandait bien plus d’investissement que celui de joueur car on est toujours sur la brèche. Je ne m’étais pas trompé ! Mais j’étais attiré par le jeu et le management des hommes, alors j’ai franchi le pas". "S’il n’y avait que le terrain, ce serait presque facile, sourit d’ailleurs l’ancien international togolais, aujourd’hui à la tête de l’équipe de National 3. Car entrainer, ce n’est pas qu’élaborer une technique de jeu. C’est aussi manager des hommes, gérer des egos et être capable de tirer le meilleur d’un groupe qui a parfois des objectifs plus individuels que collectifs.

"J’ai coutume de dire que, quand j’entraine un groupe, j’entraine des hommes et des joueurs. On a un devoir de savoir à qui on s’adresse. Chaque joueur a sa sensibilité, son parcours, ses objectifs. Il faut être assez psychologue et assez fin pour avoir des clés d’entrée et de compréhension de chacun des membres de son groupe", analyse pour sa part Olivier Laviolette, qui était adjoint de Jérémy Berthod à Ain Sud, en N3, la saison dernière.

"Il ne faut pas oublier qu’à la base, on est éducateur sportif. C’est indissociable du métier. Il faut avoir des valeurs et les transmettre", abonde Ludovic Assemoassa, qui remarque de plus en plus de profils individualistes dans le football.

"Les jeunes voient plus leur projet personnel avant celui de l’équipe. Et ils veulent y arriver rapidement sans faire trop d’efforts, à l’image des influenceurs. Notre rôle, c’est de leur dire que c’est très difficile de vivre de sa passion. On ne montre que ceux qui ont réussi et pas les 90% qui n’y sont pas arrivés. Ils doivent être conscients de la difficulté des efforts à produire pour y arriver, et ça, ce n’est pas toujours évident. On a affaire à une génération qui zappe plus vite. Si un joueur ne joue pas 4 ou 5 matches, il ne vient plus à l’entrainement. Quand j’ai débuté, il y a des gars qui ne jouaient pas de l’année mais qui ne lâchaient rien. Maintenant, ils partent rapidement voir si l’herbe est plus verte ailleurs", constate le Duchérois.

"En tant que joueur, on ne voit que son nombril. Mais quand on bascule de l’autre côté, on se rend compte que c’est tout un collectif qu’il faut gérer. C’est humain, le joueur perçoit les choses à travers un filtre et regarde ses performances. Mais il faut savoir prendre du recul pour voir la prestation dans son ensemble", complète Pierre Thimonier, pour qui l’annonce de la composition reste toujours un moment à part. "Il faut toujours accompagner le joueur dans la décision, dans la gestion de la frustration. C’est compliqué, mais ça fait partie du job. On essaye de prévenir en amont qu’on aura besoin de tout le monde à tous les moments de l’année".

Et l’entraineur adjoint du GOAL FC de donner son conseil : "Il ne faut jamais tricher. Quelqu’un qui fédère, c’est quelqu’un qui ne joue pas".

Le message est le même à la Duchère. "Il faut être juste avec tout le monde et être cohérent dans ses choix si vous voulez avoir l’adhésion du groupe", poursuit Ludovic Assemoassa. Car la notion de légitimité est importante. "Ça passe par une relation de confiance avec les joueurs. Montrer que tu sais ce que tu fais. Et si tu veux mettre un peu plus de rigueur ou bousculer des habitudes, il faut être fort dans le message que tu veux faire passer. Au fond, même si l’entraineur n’a pas l’adhésion de son groupe, ça ne l’empêche pas de travailler. Le week-end, il doit quand même faire ses choix et aligner une équipe. Si l’institution est assez puissante, les joueurs vont revêtir le maillot avec de bonnes valeurs et être bons", assure Olivier Laviolette, tout en reconnaissant que la tâche est moins compliquée au niveau amateur car la répercussion médiatique n’entre pas dans l’équation.

Mais que ce soit chez les pros ou non, il faut toujours parvenir à garder le vestiaire avec soi. "J’ai souvent été confronté à des résistances auprès d’un ou deux joueurs, ou de manière plus rare auprès d’un groupe dans son ensemble. Mais il faut savoir jongler avec ça. Même Zidane a rencontré des difficultés relationnelles avec Gareth Bale. Quand tu drives un groupe de 30 joueurs, il est bien naïf de penser que tu n’auras aucun souci dans toute ta saison", continue celui qui a appris sous les ordres entre autres de Karim Mokeddem et Stéphane Paille.

"J’ai la chance d’avoir eu des passionnés du ballon qui m’ont donné envie d’être entraineur. Ils m’ont appris à être toujours exigeant, avec une force mentale. La combinaison de toutes ces visions m’a donné du bagage. J’ai moulé tout ça à ma sauce personnelle pour le redonner à mes joueurs", reconnait Olivier Laviolette.

D’autant que le métier est en constante évolution, comme l’explique Pierre Thimonier, qui remplissait depuis toujours des cahiers tactiques : "Notre rôle, c’est de toujours s’adapter et évoluer, y compris d’une saison à l’autre. Les joueurs et les mentalités évoluent sans cesse. Et c’est à nous de nous adapter pour ne pas rester bloquer dans quelque chose qui ne fonctionnerait plus".

F.L.

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