Manque de terrains, pénurie d’arbitres, violences : la mise au point d'Arsène Meyer, le président du district de Lyon et du Rhône

Manque de terrains, pénurie d’arbitres, violences : la mise au point d'Arsène Meyer, le président du district de Lyon et du Rhône
Manque d’infrastructures, pénurie d’arbitres, violences : les confidences du président du district du Rhône et de Lyon - Lyon Foot

Avec la reprise des compétitions le mois dernier, le district de Lyon et du Rhône a retrouvé son rythme de croisière. Si le district est l’un des plus importants de France, il fait face à de nombreuses problématiques, à commencer par le manque d’infrastructures, le recrutement difficile des arbitres et les phénomènes de violence. Son président, Arsène Meyer, fait le point pour Lyon Foot.

Comment s’annonce cette saison 2025-2026 ?
Elle s’annonce bien, en sachant qu’on n’en est qu’au début. On a quand même la chance dans le district d’avoir une coupure de trois semaines l’été, et on a toujours un peu l’appréhension du retour, mais le démarrage est plutôt bon. Tant en nombres de licenciés que pour le reste.

Le district de Lyon et du Rhône se porte donc toujours aussi bien en termes de licenciés ? 
Tout cumulé, on est toujours mano a mano avec la Loire-Atlantique et le district des Flandres. Si on décortique un petit peu, ça dépend ensuite de quel football on parle. Si je prends le football traditionnel, c’est le district des Flandres qui est en tête. Si on parle football féminin, incroyable mais vrai, c’est plutôt la Loire-Atlantique qui est devant, alors qu’on a l’OL qui est l’un des plus grands clubs du monde. Quant au futsal, on est archi-premier. Mais tout cumulé, on compte environ 63 000 licenciés.

Y-a-t-il des catégories qui se développent plus vite que d’autres ? 
C’est toujours un serpent de mer. Fin août, la tendance était à une baisse chez les séniors et chez les jeunes. Et depuis la rentrée, on connait un renversement de situation. Chez les seniors, on est à peu près égal. En jeunes, chez les 18-19 ans, qui est toujours la catégorie la plus difficile, là où on perd nos licenciés qui vont à la fac, curieusement, on est en net progrès. Cela fait trois ou quatre ans que ça progresse. Est-ce que ça vient de la démographie ou du travail qui est fait dans les clubs ? On ne l’explique pas.

Le manque d’infrastructures est-il un frein pour le district de Lyon ?
Il faut être têtu avec les chiffres. Quand vous prenez Paris, il y a 1 installation sportive pour 800 habitants. A Lyon, c’est 1 installation pour presque 1300 habitants et à la campagne, c’est 1 installation pour 400 habitants. Alors à Lyon, on nous dit qu’il n’y a plus de foncier. Mais toutes les villes sont concernées par le manque de foncier. Je ne parle pas que du foot, ça peut concerner le volley, le basket, le tennis… puisqu’on parle bien d’installations sportives. A Lyon, il y a un vrai trou dans la raquette et c’est un vrai sujet. Si vous n’avez pas les installations, vous avez les gamins dans la rue et la discipline se développe moins.

Parmi les autres problématiques auxquelles sont confrontés les clubs, il y a la violence sur et hors des terrains. La position du District est-elle toujours la même, faire preuve de fermeté ?
Sur le terrain, on n’a pas eu d’incidents graves l’année dernière. Il faut dire qu’on est peut-être le district de France le plus dur en termes de discipline. Un joueur qui touche à l’arbitre prend 30 ans de suspension d’entrée de jeu et son équipe est exclue du championnat. Une équipe qui prend 8 cartons rouges en une saison est aussi exclue. On a mis la barre très haut depuis une vingtaine d’années. On a aussi instauré place un plan de sécurité et les clubs nous ont suivi. La vraie problématique, c’est la violence en dehors des terrains où nous n’avons pas toujours la main. On ne peut pas rattraper 40 ans d’absence d’éducation. On a des parents qui entrent sur le terrain… Je raconte toujours cette histoire, qui est vraie. Une maman de 40 ans, bon chic bon genre, cadre d’entreprise, qui sur un plateau de U11 à Lyon, pour gifler le gamin qui a fait trébucher son fils sur une action de jeu ! Les bras m’en tombent. Cette année, on a mis les moyens, avec des contrôles très stricts sur les plateaux d’animation. On a sorti une nouvelle feuille de route pour exiger que les parents et les spectateurs se tiennent bien sur les plateaux.

Avec la possibilité d’exclure un enfant à cause de l’attitude de ses parents ?
Je ne suis pas fan de cette méthode, mais ce sont les clubs qui gèrent. S’ils arrivent à juguler les incivilités, tous les moyens sont bons. Si un gamin est puni, ça me touche. Mais à un moment donné, il faut mettre les parents face à leurs responsabilités.

Les clubs pointent aussi du doigt la difficulté à recruter des arbitres. Pour quelles raisons ?
Déjà, pour avoir un arbitre, il faut en parler. A l’intérieur de chaque club, des gens sont prêts à être arbitre. Mais pour le savoir, il faut communiquer. Je pense que dans les clubs, et je leur dis sans cesse, si vous ne demandez pas, vous ne risquez pas de trouver un arbitre. Quand je regarde les chiffres, il y a cinq arbitres dans un club et aucun chez le voisin. Ça ne colle pas, ça veut dire qu’il y en a forcément un qui n’a pas cherché à recruter.

Financièrement, le District n’a pas été épargné, avec l’arrêt de la subvention du département du Rhône. Avez-vous eu une explication et est-ce que cela pèse dans les finances ?
Ça m’a beaucoup touché. Ce que je ne comprends pas, c’est comment on ramène une subvention de 20 000 euros à 0. Je ne fais pas de politique, je constate simplement. La Métropole de Lyon a répondu à notre dossier et la subvention est passée de 22 000 euros à 20 000. Elle a baissé, on l’entend. En revanche, passer de 20 000 à 0, c’est inadmissible. Je l’ai écrit au président du Département. Ça pèse forcément sur les finances. Il a fallu s’adapter et couper sur certaines actions pour compenser. C’est surtout l’effet de surprise, il a fallu non pas agir mais réagir.

Vous avez été réélu l’année dernière, jusqu’en 2028. Quels sont les grands chantiers qui vont définir votre mi-mandat ?
On a beaucoup travaillé sur la communication avec les clubs. On a encore beaucoup de sujets d’amélioration, on a investi pour mettre en place une plateforme qui permet aux clubs d’aller plus rapidement vers les informations essentielles pour eux. Concernant le développement, on a beaucoup aidé le club des 1000. C’est un club de partenaires d’entreprises, il y en a une centaine actuellement. Et ça nous permet de développer le football adapté, le football féminin… tout ce qu’on veut respecter dans notre programme sans nous amputer financièrement.

Justement, qu’en est-il du football féminin, dans un secteur poussé par OL Lyonnes ?
Quand on a la chance d’avoir l’OL féminin et qu’on n’est pas premier district de France, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Donc on investit beaucoup là-dessus. Ça peut venir, et c’est l’argument des clubs, d’un problème d’infrastructures. Vous ne pouvez pas mettre des filles dans le même vestiaire que les garçons. Il y a un manque de terrains. Je pense que si on trouvait déjà une solution à ce problème-là, on pourrait améliorer notre score sur le nombre de licences féminines. La demande est là, on a des candidates, car dieu sait qu’à Lyon, on aime le foot féminin !

Si OL Lyonnes tire le foot féminin vers le haut, on imagine que vous avez forcément craint pour la situation de l’OL…
Tout le monde a craint. On a eu forcément peur, on voyait que ça partait dans tous les sens et que les finances n’étaient plus au rendez-vous. Et au niveau pro, plus que pour nous, les finances, c’est l’arme absolue. On sent maintenant que ça se passe mieux, qu’il y a plus de sérénité. L’Olympique lyonnais, c’est notre locomotive. Si le club se casse la figure, c’est dramatique. Quand vous voyez ce qu’il s’est passé à Bordeaux, un des plus grands clubs français qui est tombé, ça fait mal.

Quand on est le District du Rhône, est-ce que ça aide d’avoir un vice-président délégué de la FFF qui est originaire de Lyon ?
Oui ! Je lui dis tout le temps ! Au début, quand Jean-Michel Aulas a pris le poste, je lui ai dis que ce n’était pas qu’une carte de visite. Il rigolait mais il s’en est vite rendu compte. Il est numéro 2 de la FFF et on est très fier qu’il soit lyonnais, bien sûr. Je ne sais pas s’il va continuer après… En tout cas, juridiquement, il ne sera pas obligé de démissionner. 

F.L.

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