Le Rhône est-il encore un berceau de champions ?

Le Rhône est-il encore un berceau de champions ?
DR

Véritables viviers, les clubs de football de l'agglomération accordent une grande part à la formation.

Si le SC Bron Terraillon a accouché de Karim Benzema, Ludovic Giuly, Samuel Umtiti, Corentin Tolisso ou Nabil Fekir ont été repérés alors qu'ils écumaient les terrains lyonnais. Le fruit d'un intense travail en amont et un constat : il y a beaucoup d'appelés pour peu d'élus.

"J'ai entraîné pendant 50 ans, j'en ai vu beaucoup des gamins. Mais lui faisait partie de cette poignée de jeunes qui allait devenir des très grands joueurs." La confession est signée Gérard Garnier, ancien entraîneur du FC Pays de l'Arbresle, qui nous avait livré il y a quelques années ce souvenir précis de Corentin Tolisso.

À Bron, on se souvient aussi de Karim Benzema qui passait des heures à jouer contre un mur du SCBT, avant de finalement être repéré par l'OL.

Si on ne retient que ces ascensions fulgurantes, on oublie parfois le long chemin qui mène au haut-niveau. "C'est difficile de prédire l'avenir. Dans le football, la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain", explique Mickaël Mendez, manager général du Goal FC, dans l’Ouest lyonnais.

C'est pour cette raison que le travail d'accompagnement s'avère primordial : "On s'attache à prôner les bonnes valeurs, l'attitude, le travail, la rigueur". Au Goal FC, ce sont 188 joueurs qui sont sélectionnés et qui bénéficient d'une troisième séance d'entraînement, d'une aide aux devoirs le mercredi, de projets éducatifs, de travail mental et de routines athlétiques. "Nous, on est juste là pour les conseiller. On essaye de leur donner toutes les cartes en main, car il n'y a pas que le côté sportif", poursuit Mickaël Mendez.

Cet accompagnement extra-sportif n'est pas une exception. On retrouve ce travail dans de nombreux clubs, tels que Lyon - La Duchère ou encore Bron Terraillon, comme nous l'explique Samir M'Hachi, président du SCBT : "On contribue à ce que l'enfant soit le citoyen de demain. On essaie, en plus de l'éducation qu'il reçoit à la maison et à l'école, de lui apporter toutes les valeurs humaines pour qu'il avance malgré les différences sociales qui peuvent apparaître, car nos jeunes sont souvent issus de quartiers difficiles".

Et celui qui a vu s'épanouir Karim Benzema, Hamza Rafia, passé par la Juventus ou encore le toulousain Farès Chaïbi, d'ajouter : "On essaye aussi d'être en relation avec les parents. Certains rêvent de voir leur enfant faire carrière juste parce qu'ils le voient frapper dans un ballon. Parfois, ce sont les parents qui sont les plus difficiles à gérer. Nous, on est là pour leur faire ouvrir les yeux, car c'est un pourcentage minime qui va faire carrière".

Une sélection pas forcément équitable

Pourtant, chaque week-end, les bords des terrains sont envahis par les recruteurs et les agents : "On en voit toutes les semaines… Dès 11, 12 ou 13 ans. Il y a des recruteurs, des agents… Ça tourne dès le plus jeune âge", constate Mickaël Mendez du GOAL FC. "Aujourd'hui, un enfant est bien dans son club d'origine, il a le temps de changer, de se faire plaisir, de jouer avec les copains et ensuite, il pensera à changer vers 16 ou 17 ans. C'est une course sur le court terme alors que nous on veut des résultats sur le plus long terme", tempère le dirigeant qui voit partir chaque année une quinzaine d'enfants pour aller jouer à un niveau au-dessus : "La cellule recrutement de l'OL vient aussi régulièrement observer nos jeunes sur les terrains. Ils quadrillent toute la région, ils se renseignent. Mais il n'y a pas qu'eux. Il y a des recruteurs locaux qui bossent pour des clubs comme Rennes, Sochaux, Nantes… Et il y a des recruteurs qui tournent sur les sélections de district".

Une sélection qui n'est pas forcément équitable, selon Samir M'Hachi : "L'écrémage est mal fait au niveau du district. La détection avantage les grands clubs comme le FC Vaulx ou Saint-Priest, qui proposent parfois des équipes entières. Nous, on emmène trois ou quatre joueurs aux détections, ils sont mélangés et parfois, on ne les fait même pas jouer à leur poste. Alors forcément, ils ne sont pas détectés. On a, par exemple, de très bons U13 mais qui n'ont pas été sélectionnés".

Le président du SCBT regrette que les petits clubs n'aient pas plus de contacts avec l'OL : "On a l'impression que ces grands clubs qui prétendent vouloir recruter et former des bons joueurs, ne prennent pas le temps de faire le tour des clubs voisins. On a un bon vivier à Bron, mais comme on n'a pas un grand niveau, nos bons joueurs partent faire le bonheur d'autres clubs. On ne peut pas les retenir. On fait le bonheur de l'AS Bron, de la Trinité, de l'AS Priest, où d'anciens jeunes qu'on a formés performent là-bas. C'est frustrant. L'objectif, c'est de fidéliser nos jeunes en nous structurant au mieux et en formant au maximum nos coach pour être prêt à rivaliser avec des clubs plus grands".

Mais pour tous, le constat est le même : "On sait qu'on a très, très peu de chances d'avoir un joueur pro dans cinq ou dix ans. Le seul qui est passé pro chez nous, c'est Ludovic Giuly. Donc, on n'en a pas tous les jours", insiste Mickaël Mendez. Avant de conclure, lucide : "Le district du Rhône a le plus de licenciés en France. On a beaucoup de bons joueurs avec des profils similaires. C'est donc très difficile de sortir du lot. D'autant qu'il y a tellement de clubs structurés que l'apprentissage est bon partout".

F.L.

X
0 commentaire
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Les champs requis sont identifiés par une étoile *
Si vous avez un compte Lyon Foot, connectez-vous.
Nous ne vous enverrons pas d'email sans votre autorisation.

Le compte Lyon Foot est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.